Où
fut inventé le slam ? A quand
remontent les origines de cet art
oral ?
Nombreuses
sont les opinions et les perspectives.
Tout ce que l'on peut dire, c'est
que la poésie urbaine qu'est
le slam a des influences très
diverses, qui vont de la culture punk
à l'art du "emceing".
Le spoken word des années 70,
avec Gil Scott-Heron et The Last Poets,
est à l'origine du slam
des
textes sans musique. Mais le terme
"slam", qui signifie "chelem",
ne fut inventé qu'au milieu
des années 80, par Marc Smith
alias Slampapi, un poète non-conformiste
de Chicago. Cet homme est le personnage
clé lorsque l'on remonte aux
débuts du slam à proprement
parler. A l'époque, il organisait
des soirées au Green Mill Tavern
à Chicago. Les poètes
de la ville y étaient conviés
à conter leurs textes et à
être jugés par un jury.
Ces "slamming sessions"
étaient vives, controversées,
riches en événements,
et ont redonné vie à
la poésie en créant
un art urbain et populaire.
Le
slam s'est rapidement propagé
à travers les Etats-Unis, de
San Francisco, à Boston et
New York entre autres. C'est à
New York qu'a eu lieu en 1980, une
légendaire bataille poétique
où deux poètes en tenue
de combat se sont affrontés
verbalement sur un ring de boxe. Cet
élément de compétition
est toujours présent dans le
slam d'outre Atlantique.
On
ne peut pas parler du slam sans mentionner
le Nuyorican Poets Cafe, un centre
multiculturel créé en
1974 dans le Lower East Side à
New York. C'est en ce lieu que de
nombreux slameurs et rappeurs partagent
leurs écrits. Des anthologies
et une revue s'ajoutent aux slams
qui sont maintenant renommés
dans les cercles artistiques à
travers le monde. C'est un vivier
d'artistes dont nombre d'entre eux
ont gagné des prix lors de
prestigieux concours de slam.
En
1998, le superbe film "Slam"
de Marc Levin, a révélé
le slam sur la scène internationale.
La star du film, le slameur et poète
new yorkais, Saul Williams, y a livré
ses textes avec passion de façon
inoubliable. C'est à cette
époque que le slam a commencé
à toucher Paris et, au fur
et à mesure, les autres villes
de France. Mais Paris reste, pour
l'instant, le centre du slam en France,
où les scènes se multiplient
à une vitesse impressionnante.
Dans les bars de la capitale, les
rappeurs se mélangent régulièrement
aux poètes traditionnels, donnant
lieu à un réel échange
culturel. Bien que très différents,
chacun se définit comme slameur.
Le
slam en France est devenu quelque
chose de vraiment français,
avec la différence majeure
qu'il n'y pas de compétition
entre les slameurs. Le bon esprit
règne en maître. On ne
sait jamais ce que l'on va découvrir
au cours d'une soirée slam,
parce qu'elle n'est pas une simple
lecture de poèmes, mais un
événement interactif
où la participation du public
est fortement encouragée. Les
seules règles sont l'ouverture
d'esprit de la part de tous et l'envie
de découvrir de nouveaux écrits.
De plus en plus de rappeurs fréquentent
les soirées slam, soit parce
qu'ils ont envie de partager leurs
textes et de s'entraîner sur
scène, soit parce qu'ils se
sont lassés de la tournure
commerciale que prend le rap en France.
Le slam français est un mouvement
récent, jeune et novateur où
il y a toujours quelque chose à
découvrir.
Hip
Hop Flow Magazine a rencontré
plusieurs slameurs, qui nous ont donné
leurs impressions sur le slam, sur
leurs écrits et leurs inspirations.
Ils nous présentent le slam
du 21ème siècle à
Paris. Il est vraiment fascinant de
voir évoluer une telle culture,
et nous vous incitons à vous
rendre dans l'un des ces bars et à
vous délecter de la diversité
de styles et de l'abondance de talent
!
Dossier
réalisé par Rach' -
Mars 2002
Photos - Lady Lo/Hip Hop Flow Magazine
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