Peux-tu
te présenter ?
Je
m'appelle Nina Nonyme, c'est mon nom
de scène. Je suis slameuse,
une des rares jeunes femmes à
s'exprimer au Slam, mais j'espère
qu'il y aura plus qui vont venir nous
rejoindre. J'en fais depuis huit mois.
Je suis passée aux Lucioles,
c'est le bar "phare" on
va dire. J'ai vu ces gens s'exprimer,
j'écrivais des poèmes,
on m'a dit "vas-y, vas sur scène,
vas dire ton poème". J'y
étais dire une fois un poème,
et j'ai jamais arrêté
depuis lors.
Fais-tu
cela plusieurs fois par semaine ?
Oui. Mais ça
dépend parce que je travaille
à côté, en règle
générale, c'est deux
soirées par semaine.
Quelles
sont les sources d'inspiration pour
tes textes ?
Je m'inspire de tout.
Surtout des histoires de gens, de
ce qui m'arrive, du tout, de la vie,
vraiment de ce que je vis en général.
Des rencontres que je fais, de ce
que je fais, des gens que j'aime,
les choses qui me touchent en fait.
Tu
écris souvent ?
Oui.
J'écris tout le temps, partout,
n'importe où, n'importe comment
! J'écris au milieu d'un concert,
à la Goutte d'Or, aussi bien
que chez moi toute seule. Mais surtout
quand il y a de la musique. Je peux
pas écrire sans musique, donc
c'est vrai que la musique m'inspire.
Je suis assez folle de la musique,
donc j'écris partout.
Pour
toi, le Slam fait-il partie du mouvement
Hip Hop ?
En
fait, ce qu'il y a du Hip Hop dans
le Slam, c'est juste la manière
de débiter. Je parle maintenant,
je suis en train de parler. Mais dès
que tu vas ajouter une rythmique,
tu vas entrer dans un style d'art
oratoire qui fait partie du Hip Hop.
Et c'est sur qu'il fait partie du
Slam. Mais que le Slam fait partie
du Hip Hop, je sais pas. Ça
vient des Etats-Unis, mais en France
ça prend une tournure autant
littéraire que Hip Hop. Le
but du jeu, c'est les textes, c'est
le fond. C'est à dire que les
rappeurs, c'est les textes vraiment
recherchés. C'est de la recherche
au niveau des mots, c'est la seule
différence. Vraiment c'est
au niveau des paroles. Un vrai fond.
Rappes-tu
aussi sur des musiques, ou tu ne fais
que du Slam ?
J'ai un projet aussi,
mais dès lors qu'il y a de
la musique, ça ne sera plus
du Slam. Il faut bien se rendre compte
que le Slam, c'est sans instrus, ce
sont les paroles. Bien sûr qu'il
y a des textes qui vont être
musicaux, dans le sens où c'est
un rappeur qui va débiter,
c'est sûr que ça va donner
un rythme plus que quelqu'un qui va
déclamer d'un ton monocorde.
Pour revenir à mon projet,
oui, il y aura de la musique, il y
aura des fonds sonores, mais pas de
mélodies pour accompagner mes
paroles. Ce sera plus une mélodie
à part.
Il
y a d'autres slameurs qui t'ont marqué
?
Oui,
il y a beaucoup de slameurs que j'aime
vraiment et que je respecte énormément.
C'est sûr que nous, on se supporte
les uns les autres, on évolue
ensemble pour un même cause,
le Slam, et on est plus ou moins imprégnés
des textes et on évolue comme
ça, on évolue en créant.
C'est vrai que c'est un mouvement
plein de vie, qui est jeune, qui n'a
que six ans. Là, il faut vraiment
qu'on fasse parler du Slam et c'est
pour ça qu'on essaie surtout
d'établir des nouvelles scènes.
C'est comme des chanteurs. Nous, il
faut qu'on fasse des tournées,
que les gens sachent enfin ce qu'est
le Slam.
Comment
vois-tu l'évolution du Slam
?
A
Paris, je pense qu'on va passer le
flambeau. Nous, on a nos scènes,
maintenant c'est aux gens de créer
leurs scènes s'ils veulent.
Qu'ils trouvent des bars
parce
que c'est simple. Tu es slameur, mais
tu peux devenir présentateur
autant que tu es publique. Un slameur,
c'est tout à la fois. Nous,
ce qu'on veut, c'est passer le flambeau,
et faire en sorte que le Slam évolue
à Paris avec n'importe quelle
sorte de gens. La richesse du Slam
c'est la différence, c'est
pour ça que ça me gêne
quand on veut cloisonner le Slam au
Hip Hop, non. Il y a du Hip Hop, il
y a de la musique andalouse, il y
a du tout, il y a des gens qui viennent
de tous les pays, il y a des écrivains,
il y a des poètes
Le Slam est tellement large, et en
fait c'est sa force et sa faiblesse.
Parce qu'en même temps c'est
un mouvement qui est fragile par rapport
à ça, qui peut se faire
récupérer. Moi j'aime
le Hip Hop, je suis au fond Hip Hop,
mais c'est du Slam que je fais, c'est
pas du Hip Hop. Il faut pas faire
d'amalgame. Voilà.
Le
Hip Hop est dominé par les
hommes, est-ce aussi le cas dans le
Slam ?
Oui,
c'est pareil. C'est une similitude,
c'est vrai que je fais partie des
rares filles et en plus j'y vais depuis
huit mois maintenant, j'ai pas lâché.
Comme nanas, il y a Catherine D, il
y a Catherine Mathon, et Béa,
ça fait quatre, cinq, c'est
pas assez ! Mais en même temps
ça me dérange pas, c'est
vrai que les mecs ils ont de temps
en temps des textes un peu hard pour
les nanas, mais nous, on se venge
bien quand même des fois !
Crois-tu
que tu apportes quelque chose de différent
?
Oui.
Complètement, bien sûr.
Le fait qu'on est une minorité,
on porte notre féminité
sur scène, il faut être
sur scène et savoir ce que
tu vas débiter ! C'est sur
que les mecs vont être vachement
plus cassant, c'est ça que
j'aime bien. J'aime pas le côté
hypocrite "ah, c'était
vachement bien ton texte", non.
Le mec, il va dire "bon, t'es
gentille". Voilà. Et c'est
ça que j'aime bien. Ce côté
là où il y a plus de
franchise.
Souhaites-tu
ajouter quelque chose ?
Vive
le slam !
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