Peux-tu
te présenter ?
Je
suis à la base de la culture
hip hop dans le sens où j'ai
découvert cette culture avec
Grandmaster Flash, avec Sidney en
France, les Paris City Breakers etc.
Donc, ça m'a tout de suite
accroché, et j'ai commencé
à danser un petit peu sur des
cartons etc. et de fil en aiguille
j'ai évolué. Je n'étais
pas vraimentau cur du truc
Je ne veux pas dire que je suis un
mec qui est là depuis longtemps
et qui a tout vécu. J'étais
à côté en fait.
Ce qui m'attirait dans la culture
hip hop c'était tous les moyens
d'expression qu'elle rendait accessible
: s'exprimer par la danse, s'exprimer
par le rap, s'exprimer par la graffiti
etc
J'ai toujours plus ou moins
eu un rapport avec la parole, mais
c'était plus pour apprécier
en fait, plus un truc personnel que
quelque chose que j'ai essayé
de mettre vraiment en forme, comme
le rap. C'était avant tout
une rencontre avec quelqu'un qui était
vraiment déterminant dans le
sens où j'écris sérieusement
depuis 1996, même si j'ai écrit
des bafouilles, des trucs avant. C'est
une rencontre avec Nada, que tu connais,
qui a un peu déclenché
le tout dans le sens où j'ai
commencé à faire ce
travail dédié à
la maîtrise du verbe. J'ai commencé
à lui faire lire un peu ce
que j'écrivais et c'est lui
qui m'a vraiment poussé à
monter sur scène. Ca fait trois
ans qu'on se connaît.
Depuis quelques mois je me suis lancé
sur scène - c'est vrai peut-être
qu'en me voyant tu as l'impression
que ça fait longtemps - ça
fait longtemps que j'écris
mais ça ne fait pas si longtemps
que je fais vraiment des performances
scéniques autour du slam. Et
donc, à côté de
ça, je pratique aussi la photographie.
Et je compose aussi puisqu'à
la base j'ai une culture de DJ, je
connais bien les machines, donc je
travaille avec les sons depuis un
petit moment maintenant. Quand je
fais de la photo c'est sous le nom
de "Le Vagabond" et quand
je slamme c'est "Mimnerme Le
Mot Dit".
Pourquoi
as-tu choisi ce nom-là ?
C'est
une question d'identité. C'est
surtout aussi par rapport à
un personnage qui a vraiment existé.
Il faisait partie des premiers poètes.
C'est quelqu'un qui avait un fort
penchant mélancolique dans
ses écrits. "Le Vagabond",
c'est Nada qui m'a donné ce
nom , parce que je suis tout le temps
dans la rue
J'ai une culture
vraiment urbaine, dans le sens où
tout passe par l'il. Que ce
soit ce que j'écris, que ce
soit pour la photo ou pour la musique,
même si ça peut paraître
un peu bizarre, ma culture est vraiment
basée sur le visuel. Je fais
aussi un travail très introspectif
dans mes textes, ça tourne
vraiment autour de moi pour l'instant.
Tu
as grandi à Paris ?
Je
suis né à Paris, dans
une famille des Antilles Françaises.
Jusqu'à l'âge de cinq
ans, mes parents ont un peu transité
entre les îles et la France,
avant de s'installer ici définitivement.
Donc on peut dire que j'habite ici
depuis de l'âge de cinq ans.
J'ai quand même fait toute ma
scolarité ici. J'ai grandi
avec le bitume de Paris et de sa banlieue,
j'ai une culture urbaine, et une culture
française.
Tu
te souviens de ta première
rencontre avec la culture hip hop
?
C'était
dans les années 80, j'ai du
mal à fixer la date, je crois
que c'était vraiment autour
de 1986/87. Parce que Sidney était
animateur de H.I.P.H.O.P. C'était
vraiment quelque chose ! C'était
vachement rassembleur, quelles que
soient les origines des gens, et c'était
un truc où l'expression corporelle
avait une grande place.
Le
rap en français est arrivé
plus tard ?
Je
t'avouerais que je ne suis pas un
grand spécialiste du rap et
du hip hop en France (rires). Mais
oui c'est effectivement le cas. Pour
moi c'est vrai que c'est d'abord le
rap américain que j'ai découvert,
ça c'est clair, c'est net.
C'était Grandmaster Flash parce
qu'en fait j'ai certaines facilités,
parce qu'il n'y a pas beaucoup de
gens qui parlent anglais ici, mais
c'est une langue que j'aime bien,
et le peu que j'en ai compris à
l'époque, pour moi c'était
vraiment terrible. C'était
tout simplement quelqu'un qui n'avait
pas un parcours extraordinaire, mais
qui prenait le micro juste pour dire
qu'il en avait marre de ce qu'il voyait
dans sa rue. Pour moi, c'était
"Wow !". Quand j'ai entendu
ça pour la première
fois, c'était quelque chose
d'abordable pour moi, qui était
quelqu'un qui avait envie en tout
cas de s'exprimer. C'est effectivement
quelqu'un qui a vraiment marqué
l'histoire du rap. C'est vrai qu'on
peut dire à présent
qu'il y avait des gens avant cela,
comme Gil Scott-Heron qui faisait
déjà du rap. Même
les gens, comme Serge Gainsbourg en
France, avec le recul on peut dire
qu'il faisait du rap. Mais c'est vrai
qu'ici, on a découvert le rap
avec les Américains, Grandmaster
Flash et tout ça. Après,
j'ai côtoyé des gens
qui étaient dans le rap : Timide
et Sans Complexe ou Ministère
Amer, que je voyais par exemple dans
les soirées et qui sont des
têtes d'affiche maintenant.
Il y avait pas mal de gens qui s'essayaient
au rap, il y en avait d'autres aussi
comme NTM. C'était
on
pourrait dire "un peu naïf"
dans la façon de faire. Il
n'y avait pas encore de maturité
au niveau musical.
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