La jeune scène Slam de Paris

 


 





Mais ce n'est que depuis quelques mois que tu fais des prestations scéniques ?

Oui, même si c'est vrai qu'il y a très longtemps, je me suis déjà amusé à chatoyer, je ne faisais pas des choses de façon sérieuse. Je faisais vraiment ça dans un esprit… (pause) c'était pour m'amuser. Maintenant j'ai un engagement plus important, dans le sens où j'écris, et je me reconnais plus dans mes textes. Je suis présent sur des scènes - même si ce ne sont pas de grosses scènes - c'est un travail intéressant pour moi, déjà au niveau de la diction, de la respiration et au niveau de l'interprétation : faire vivre mes textes, les faire partager, etc. C'est devenu quelque chose de plus important pour moi.

Te souviens-tu de la première fois que tu as partager un texte sur scène ?

La toute première fois ? C'est loin, c'était dans ces espèces de soirées où il y avait le " micro ouvert ", c'était vraiment "push-pull". Mais c'était bien, l'esprit était beaucoup plus positif que maintenant. Aujourd'hui, tu fais un micro ouvert dans une soirée et il y a presque obligation de s'imposer juste pour avoir pris le micro, il y a un peu le monopole parfois. La première fois que j'ai pris un micro, c'était dans les années 80, c'était les raps naïfs à la façon "old school", du style : "Ta femme est partie et tu es au chomage / Elle t'a laissé les gosses et ta meuf fout la rage / Tu sais plus quoi faire / Tu sais plus où aller / Tu es tombé par terre…". C'était un bon esprit. A l'époque, je traînais dans un endroit qui s'appelait La Java. Il y avait des endroits phares dans lesquels on trouvait Sidney, il y avait les soirées "LoveSexy", il y avait le Globo, il y avait le Bataclan… Aujourd'hui je crois que ça a recommencé au Slow Club. Ce sont des souvenirs qui sont quand même loin pour moi.

Et que penses-tu de la scène slam ? Quelles sont les différences entre les scènes aux Etats-Unis et, ici, en France ?

Je n'ai pas pu voir de slam quand j'étais à New York, donc je connais mal la scène. Mais si le film "Slam" est vraiment représentatif de ce qui se passe dans les soirées slam, c'est radicalement différent. Pour moi, il y a deux choses qui me chiffonnent dans ce que je vois. Premièrement, le slam commence à prendre des accents de la culture hip hop, dans le sens où on a déjà des conflits entre ceux qui se réclament comme étant les vrais représentants du slam, et les autres. Ensuite, et c'est ce qui a été une révélation pour moi dans le film, j'ai vraiment eu l'impression que le slam est une création avec la parole. Il n'y a pas un contrôle du son etc. En France, il y a beaucoup de gens pour qui c'est vraiment plus que de la poésie. Il y a des fois où je peux partir sur un état d'âme, pas forcément dire un texte par cœur, et c'est ça qui m'a vraiment accroché dans le film "Slam". Il y a des gens que je connais dans le Rap, auxquels j'ai fait écouter et lire mes textes, qui ne considèrent pas vraiment ça comme du rap. Et des gens qui sont dans la poésie ne considèrent pas mes textes comme de la poésie. Alors pour moi, quand j'ai vu "Slam", je me suis dit : "Enfin, il y a quelque chose dans lequel je peux me reconnaître, pour dire voilà, c'est ce que je fais". Ce que je vois dans les soirées auxquelles je participe, ce n'est pas forcément ce que j'ai découvert du slam. Je serais curieux de voir ce que ça donne aux Etats-Unis. Je suis curieux de voir comment ça se passe à Londres aussi. A Paris, il y a des choses dans le slam qui me plaisent et d'autres qui me déplaisent. Il y a les mêmes problèmes que dans la culture hip hop, telle qu'elle est devenue aujourd'hui. Il y a une fermeture d'esprit, dans le sens où il y a des gens qui sont là avec des espèces de règles de ce que devrait être la culture hip hop. Ils essaient de coller une étiquette dessus, de faire en sorte que tout le monde fasse les choses de la même façon. Le slam, c'est quelque chose qui peut faire peur aussi. J'ai eu l'impression que le slam avait un côté un peu "trash" aux Etats-Unis, pas forcément un truc où on essaie de n'avoir que des éléments positifs…en gros, pas que du politiquement correct. C'est ce qui me plaît dans les textes de Nada, le fait qu'ils ne sont pas toujours politiquement corrects.

Comment vois-tu l'évolution de ta carrière ?

Pour moi, la vie est une question de rencontres. Tout d'abord, la chose la plus importante est d'avancer soi-même, donc j'essaie d'être honnête avec moi-même dans ce que je fais. L'important est de faire le maximum de scènes, pour s'épanouir encore plus. Ensuite, l'évolution serait pour moi, de faire des vrais featurings. Apparaître sur des disques, avec quelqu'un dont j'apprécie le travail, et qui m'apprécie aussi. C'est une question de rencontres. J'essaie de ne pas m'imposer des objectifs de carrière, c'est quelque chose dont je n'arrive pas encore à vivre. Mais cette année, les choses ont vachement avancé depuis le mois de janvier. Je vais dans les endroits, je rencontre des gens…

 

 

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