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Rencontre
avec Jonone
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Artiste
graffeur et peintre, John Andrew Perello
alias Jonone, d'origine dominicaine,
est né à New York dans les
années soixante. Enfant de Harlem,
Jonone fait ses classes en bombant les trains
et les murs de son quartier, à l'âge
de dix-sept ans. Autodidacte, il passe du
support urbain à la toile - support
avec lequel il sera exposé à
travers le monde entier - réalisant
des oeuvres clairement influencées
par son vécu - le hip hop, la rue,
le métro - et par la peinture moderne.
Dans un style innovant qui surpasse les
lois dictées par le graffiti, ses
pièces abordent son "freestyle"
- liberté qu'il prône avant
tout - son mot d'ordre qui ne lui impose
aucune limite.
C'est après s'être installé
à Paris en 1987, mais aussi pour
avoir toujours fréquenté des
artistes de tous bords, qu'une nouvelle
conquête commence pour lui : celle
de la toile. Dans ses peintures, l'espace
est entièrement utilisé, le
vide blanc n'existe pas. La couleur apparaît
comme la charge vitale de John, sa palette
est riche et vive, les tonalités
et les contrastes révèlent
des jeux de nuances subtils, où dans
une composition harmonieuse qui parait aussi
spontanée que mesurée, les
formes se nouent et se dénouent,
ondulent ou se font droites. Il y a symétrie
et asymétrie, répétition
et unification, le trait est maîtrisé
avec précision et souplesse. Chacune
de ses toiles est une improvisation abstraite,
dont la brillance transmet une joie de vivre.
Reste que la meilleure personne pour en
parler est l'artiste lui-même. Jonone
nous a accordé cet entretien exclusif
où il nous dévoile sa peinture.
Aussi, en tant que pionnier et figure emblématique
du graffitti, Jonone est une véritable
mémoire de la culture Hip Hop. Mémoire
qu'il a décidé de nous faire
partager, à travers une formidable
odyssée qui a débuté
il y a plus de vingt ans.
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C'est
au début des années 80, alors
âgé de 17 ans, que tu débutes
dans le graffiti
Comment s'est faite
ta première rencontre avec cette discipline
?
J'étais
dans le graff parce que j'y étais un
peu né. Il y avait plein de graffs
et de tags partout, dans la rue, dans le train,
le bus. Ca existait déjà depuis
les années 60, ça faisait partie
du décor de la ville. Ca a grandi comme
un cancer.
Qui
t'a initié ?
C'est
White Man, un de mes amis. Il était
blanc, ses deux parents étaient morts
d'une overdose d'héroïne et il
avait été adopté par
une famille noire. Sa tête était
toute niquée, il était blanc
avec les yeux bleus et son père et
sa mère étaient Noirs, de vrais
Blacks de Harlem. Le fait d'être blanc
lui posait pas mal de problèmes, être
blanc à l'extérieur et noir
à l'intérieur. Il avait beaucoup
de confrontations avec ça. Il trainait
beaucoup dans la rue, on trainait ensemble
et il m'a introduit dans le milieu du graff.
Il avait un bon style pour taguer.
Est-ce
par le tag que tu as commencé ?
Oui.
J'ai commencé dans mon immeuble, puis
dans mon quartier et enfin à l'extérieur.
Les gens ont commencé à voir
mon nom un peu partout et ça m'a plu.
Voir mon propre nom ça m'a beaucoup
plu aussi. Je n'avais jamais imaginé
qu'avec ça j'allais devenir un artiste,
que j'allais exposer. Pour moi, le tag était
avant tout une raison de vivre.
Harlem était ton quartier
Oui,
oui c'est ça, c'est de Harlem que j'viens.
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