Quels
sont tes projets ?
On
travaille, on met de l'argent de côté
pour avoir notre matos, de quoi maquetter,
faire nos propres enregistrements
nous-mêmes. Mais ce que je prépare
surtout, c'est un maxi six titres.
Sinon, une signature en maison de
production, si ça peut se faire
ce serait bien !
Patrice
de l'association Uback Concept dit
qu'il pense que les rappeurs ont peur
de venir au Slam parce qu'il n'y a
pas de musique, et qu'ils ne veulent
pas mettre en avant leur voix. Es-tu
d'accord ?
Non,
je ne suis pas trop d'accord. Même
si c'est vrai qu'il y a des rappeurs
qui cachent leur flow derrière
les instrus. Mais justement, ce que
j'ai vécu au Slam, c'est que
les gens s'en foutent si tu rappes
bien ou pas. Ils applaudissent juste
parce que tu viens. Il n'y a pas de
compétition, il n'y a pas de
gagnant. Tu arrives, certains disent
des poèmes et voilà.
Je pourrais très bien dire
"c'est quoi, ton poème
pourri, casse-toi !", mais on
ne réagit pas comme ça.
Je pense que les rappeurs qui ne viennent
pas au Slam c'est ceux qui manquent
d'ouverture, ou ceux qui ne savent
pas vraiment ce que c'est. Tu es rappeur,
tu entends le mot "slam"
tu te dis (il adopte un ton sceptique)
"ouais, ça va
".
Moi je pense autrement, mais il y
a aussi des rappeurs qui sont mauvais,
franchement !
Penses-tu
que de plus en plus de rappeurs vont
venir au slam quand le mouvement sera
mieux connu ?
Ça
dépend des gens, ça
dépend des mentalités.
Par exemple, Sébastien et moi,
on est deux rappeurs, mais on écoute
pas mal d'autres styles de musique.
Je veux dire que dans le rap français,
il y a beaucoup de rappeurs qui sont
restreints, qui sont coincés
dans un style : le hip hop. Ils prétendent
faire de la musique, mais ils ne la
calculent pas, parce que la musique,
c'est plein de sons différents.
C'est la funk, le jazz, le ska, le
reggae
la pop aussi. Enfin,
ce que je considère comme n'étant
pas de la musique, c'est la techno,
la house et la dance, sinon, j'écoute
de tout. Après, ça dépend
des mentalités, il y a des
gens fermés et d'autres plus
ouverts.
Il faut voir ce que ça donnera.
Comment
vois-tu l'évolution du slam
en France ?
Franchement,
je ne saurais pas te dire. C'est vrai
que ça avance bien mais je
ne saurais pas te dire. Parce que
c'est dur, pour que des gens écoutent
ce que tu fais sans musique. Parce
que quand tu parles de "poésie"
aux gens, ça leur fait peur.
Nina m'a dit ça un jour et
elle a raison. Tu dis "poésie"
et tout de suite ça fait relou
ou vieillot
Donc on verra, mais
pour l'instant c'est sur le bon chemin.
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