Cette
interview est un peu spéciale
pour nous car, depuis que Hip Hop Flow
existe, tu es la première artiste
femme que l'on rencontre. C'est un peu
dingue, non ?
Mortel
!
Quelle
est ton histoire ? D'où viens-tu,
et comment es-tu venue au Hip Hop
?
Je suis née à New York,
on a habité à Washington
Heights et aussi à Spanish
Harlem. Puis, vers l'âge de
trois ans mes parents ont voulu que
je profite de la nature, donc on a
déménagé dans
une ferme en Pennsylvanie. Plus tard,
on est allés habiter dans la
banlieue de Philadelphie, et c'est
là où j'ai vraiment
entendu du Hip Hop pour la première
fois. Au début des années
80, je parcourais les stations de
radio, et j'avais vaguement entendu
"The Breaks". Et
j'en suis tombée amoureuse.
En fait, je n'en suis pas tombée
amoureuse tout de suite ! Je trouvais
ça très bizarre, très
étrange. Je me suis dit : "Pourquoi
parle-t-il sur la musique ?".
C'est le fait que ce soit bizarre
qui m'a incité à en
savoir plus, et à découvrir
ce que c'était vraiment. Mais
c'était étrange d'entendre
ça pour la première
fois. A aucun moment je n'ai pensé
que je pourrais le faire moi-même.
Je suis retournée à
New York quand j'avais dix-sept ans
pour échapper à l'ennui
de la banlieue, et j'ai continué
à rechercher du Hip Hop mais
je n'ai jamais pensé que je
pourrais le faire. En fait, j'ai commencé
à jouer de la guitare et à
faire de la musique. J'ai fait partie
d'un groupe avec quelques autres filles
pendant un certain temps, j'aimais
le rock expérimental et avant-gardiste.
En 1993, je me suis mise à
rimer, j'étais nulle (rires)!
Mais je n'ai pas laissé tomber,
et j'ai sorti mon premier disque en
1995 qui s'appelait "Strictly
Platinum" et qui comprenait
à la fois des éléments
hip hop, rock et punk. Et j'ai tout
simplement continué.
Ta
musique est vraiment originale et
très personnelle. Quelles sont
tes références musicales
et tes inspirations premières
?
Le truc, c'est que je ne suis pas
inspirée uniquement par le
hip hop. J'ai grandi en écoutant
David Bowie, Stevie Wonder, James
Brown
Mes parents étaient
hippies, et ils écoutaient
toujours de la musique superbe à
la maison. Et aujourd'hui j'écoute
énormément de genres
musicaux, mais aussi beaucoup de Hip
Hop. Je suis DJ, je ne suis pas un
DJ qui fait du scratch mais j'anime
des soirées Hip Hop.
C'est cool, parce que quand je cours,
quand je fais de la musculation, j'écoute
DJ Shadow ou Roni Size, et quand je
suis aux platines je vais mettre Missy
et Ludacris, ou un peu d'underground
comme MF Doom. Quand je suis chez
moi, j'écoute de la musique
indé pour me relaxer. Je suis
très éclectique et je
crois que cela se ressent sur mes
propres disques.
"Princess
Superstar Is" qui est ton quatrième
album vient de sortir. Comment te
sens-tu ?
En
fait, je n'ai jamais été
aussi excitée pour un disque.
D'abord, musicalement je crois que
c'est mon meilleur disque. Je suis
sûre que c'est quasiment ce
que je voulais faire avec mon disque,
même si c'est impossible d'obtenir
exactement ce que tu veux. Et puis,
maintenant j'ai un label indépendant
plus important derrière moi.
Avant, j'étais toute seule.
Mon premier disque était sorti
sur un label indépendant au
Canada, mais j'ai ensuite pris la
décision de lancer mon propre
label et j'ai sorti encore deux de
mes disques. C'est vraiment cool d'être
underground et indépendant,
mais bon je me suis démenée
pour y arriver. J'ai toujours travaillé
à côté, et aujourd'hui
je peux enfin me concentrer davantage
sur la musique, et les gens vont désormais
y avoir accès. En même
temps, je ne veux pas signer avec
une major, et je n'ai jamais voulu
le faire, même quand il y avait
un intérêt de leur part.
J'ai voulu me développer en
tant qu'artiste et avoir ce contrôle,
surtout en tant que femme. Quand tu
signes avec une major, tu deviens
un peu leur pantin.
Tu
as travaillé avec deux autres
femmes sur cet album : Beth Orton
et Bahamadia. Comment se sont passées
ces deux collaborations ?
Avec
Beth c'était tout simplement
incroyable. Elle a cherché
à me contacter en fait, elle
avait entendu mon dernier disque et
elle m'a dit "Je suis une grande
fan de ta musique". J'étais
ravie ! Je lui ai suggéré
qu'on fasse un morceau ensemble. J'adore
cette collaboration, le fait qu'elle
soit sur une chanson rap, c'est mortel
! C'était aussi la première
fois que j'écrivais avec elle
dans le studio, on a vraiment travaillé
ensemble. On s'est aidées avec
les paroles, je l'ai aidée
avec la mélodie et elle m'a
aidée avec mes rimes. C'était
tout simplement incroyable. Parce
qu'elle apporte une énergie
que Kool Keith - par exemple - n'apporte
pas (rires)! Et, à présent,
nos rapports ont évolué,
on est devenues des amies très
proches.
C'est génial, parce que c'est
la première fois que j'ai une
amie dans l'industrie - du disque
- qui a plus de succès que
moi, et on peut donc discuter à
propos de tout ça.
Avec Bahamadia, en fait je suis une
très grande fan d'elle, parce
que je trouve qu'elle essaie vraiment
d'apporter quelque chose de différent.
Elle a travaillé avec tout
le monde, de Roni Size à Herbaliser
en passant par DJ Premier. J'adore
cette flexibilité, je pense
que c'est l'essence de la musique
de prendre tous ces éléments
nouveaux et les mettre ensemble. J'avais
très envie de travailler avec
elle et je l'ai rencontrée
quand je l'ai interviewée pour
un magazine. On s'est bien entendues,
je lui ai posé des questions
que la plupart de gens ne posent pas
- je suppose - étant moi-même
une artiste. Et je lui ai demandé
de poser sur mon morceau.
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