Le
monde du graffiti a perdu un de ses plus
talentueux "aérosol artiste".
Anthony Clark alias A-ONE s'est éteint
à Paris - où il vivait - le
onze novembre dernier, à l'âge
de trente-sept ans suite à une rupture
d'anévrisme.
Né en 1964 à Manhattan (New
York), il accomplit ses premières
prouesses à l'âge de six ans
et cette prédisposition naturelle
au motif et au dessin que possèdent
les enfants ne s'interrompra jamais pour
lui. Ses parents, découvrant un talent
certain chez leur fils, veulent le placer
dans une école spécialisée,
mais son école était la rue,
le métro : écrire sur les
bâtiments. C'est donc en autodidacte
qu'il va conquérir le monde de l'art.
Tout commence en 1982, lorsqu'il participe
aux côtés de TRASH, DAZE8 et
FREEDOM, entre autres, à l'exposition
"South Bronx Show" organisée
par la mythique galerie Fashion Moda qui,
quelques mois plus tard, l'invitera à
nouveau pour réaliser avec TOXIC
et KOOR l'oeuvre "Camouflage Panzerism"
en majeure partie directement peinte sur
les murs, sur fond noir avec à l'intérieur
un signe de John Fekner. A-ONE habitait
dans les environs du Fashion Moda où
il avait l'habitude de se retrouver avec
ses amis et d'utiliser le local pour peindre.
Il y réalisa quelques grandes uvres
avant et après 1982.
En 1984, il participe à la Biennale
de Venise où il est le plus jeune
artiste à être exposé.
C'est à l'occasion de la tournée
française des Rolling Stones en 1995
qu'il est choisi avec EL1O, FUTURA, JONONE,
JAYONE, MODE2, SHARP pour interpréter
leurs morceaux, qui feront l'objet d'une
exposition itinérante. De 1982 à
2001, il aura exposé au moins une
fois par an. Sa dernière apparition
en France eut lieu à la Galerie du
Jour en octobre dernier, aux côtés
de ANDRE, FAFI, GEMEQS, JAYONE et FUTURA.
Admiré, respecté et considéré
comme un artiste capital dans l'art du graffiti,
A-ONE a énormément contribué
au développement de cet art. "Expressionniste
aérosol", pour reprendre ses
termes, son travail reflète la recherche
d'une symbiose entre une culture américaine
et celle de ses origines. Il combat la grande
Babylone, prône l'unité, exalte
ses racines africaines et retrace la mythologie
de la rue, le tout parsemé de résonances
musicales dans une atmosphère mystique
et spirituelle aux penchants rastafariens.
A-ONE nous apporte une forme de transculturalisme
sans partage, tout comme Jean Michel Basquiat,
qui fut son ami et conseiller.
Fort
comme un lion, A-ONE peut se féliciter
d'avoir donné des vibrations picturales
uniques qui résonnent et résonneront
toujours, qu'il laisse en partage au terme
d'une carrière brillante où
il a su perpétuer la tradition du
graffiti sans répit.
Lady
Lo - Décembre 2001
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