Rencontre avec la chorégraphe
Max-Laure Bourjolly de la compagnie
Boogi Saï.
Pourquoi
avoir choisi la vidéo pour
exprimer la virtualité ?
C'était
important pour moi parce que c'était
comme ça que je le ressentais.
Aussi pour passer d'un monde à
l'autre, pouvoir jouer avec l'ambiguïté,
il me fallait un autre élément
qui n'aurait pas pu être forcément
transcrit uniquement en danse. La
danse est un support, c'est vrai,
mais à des moments on a besoin
d'une parole, d'une voix-off, d'un
support musical, et on a parfois besoin
d'un texte, donc là ça
devient le langage, la voix. Puis,
à des moments, le troisième
élément peut être
la vidéo ou l'éclairage
qui transcrit des choses. Donc ce
sont des moyens d'expression.
C'est
également Boogi Saï qui
a réalisé la vidéo
?
Pour
la vidéo, d'autres gens sont
venus nous prêter main forte
et ont intégré l'équipe
technique de Boogi Saï, donc
l'équipe s'est agrandie.
Quelle
est la signification des incursions
d'écrans d'ordinateur en japonais
?
Les
lettres qui défilent sur les
écrans sont des codes, c'est
comme si ce personnage transmettait
des codes et ceux qui étaient
sur terre les recevaient. La gestuelle
(elle lève ses bras, replie
légèrement ses doigts,
et les maintient écartés)
est traduite par ces mains qui sont
comme des antennes, comme le besoin
de communiquer ou le besoin de recevoir.
Le personnage a besoin d'être
quelqu'un, parce que dans le monde
réel, il n'est rien, c'est
un anonyme, je dirais qu'il est à
l'image d'un grand homme, d'un héros,
d'un dieu ou d'un manipulateur. Cela
peut être aussi tout ce qu'on
veut, tout ce que ça peut évoquer.
Par contre c'est vrai qu'on a aussi
la projection de ce qu'il a décidé
et qu'il a en tête, à
travers ces images vidéo.
De quelles
idées êtes-vous partie
pour concevoir les costumes et la
musique ?
Par
rapport aux costumes, j'ai eu envie
de recouvrir complètement le
corps des danseurs, pour justement
mettre l'accent sur l'anonymat et
l'indifférence. La capuche
qu'ils ont sur la tête crée
une espèce d'ambiguïté,
parfois on ne sait pas s'ils sont
de face ou de dos, donc cela accentue
toujours l'anonymat. Et pourquoi la
combinaison ? Parce que cela accompagne
la musique qui donne l'impression
qu'ils sont dans l'espace. Tous les
sons présents sont des sons
qu'on pourrait retrouver dans l'espace,
des pluies de météorites,
par exemple. Cette combinaison donne
l'impression qu'ils sont sur Mars,
qu'ils sont ailleurs et en même
temps, ils sont sur Terre, parce que
ça se passe sur Terre. Il n'y
a pas de différence non plus
entre les hommes et les femmes, ce
qui met l'accent une fois de plus
sur l'anonymat. Pour moi, c'est très
important pour pouvoir justement mettre
en valeur le besoin de communication,
le besoin d'être libéré.
Quels
sont vos projets, "aller toujours
plus loin, toujours plus haut"
(sic Boogi Saï), et créer
une école de danse ?
L'idée
serait d'en arriver là et de
pouvoir justement créer une
école d'art hip hop, avec les
différentes techniques, en
collaboration avec d'autres partenaires,
les autres leaders qui existent dans
le hip hop. Qu'on puisse fédérer
quelque chose, qu'on puisse s'unir,
pour justement créer les choses
par nous-mêmes, et ne pas toujours
attendre des structures existantes.
Et qu'on puisse aussi créer
nos propres histoires.
Y aura-t-il
des équipes internationales
? Si oui, lesquelles ?
Oui,
mais pour ce genre de choses on ne
dévoile rien pour le moment
(rires).
Et
avez-vous une tournée nationale
et internationale prévue pour
"Virtualité"
?
Pour
l'instant, on est vraiment au début
du projet et, suite à Blanc-Mesnil
et ce qu'on a fait, on est en plein
dans la démarche de diffusion.
Propos
recueillis par Drey.K - Octobre 2001
Photos
- Lady
Lo /Hip
Hop Flow
|