Festival Attitude 2001 - Montpellier

       

 

A l'occassion de la Battle, rencontre avec Sodapop, danseur et membre du jury, ainsi que Rota, membres du collectif de danse Pokemon de Lyon.


Sodapop

C'est important pour toi de participer à un jury de battle ?
Il m'arrive de le faire de temps en temps, mais j'avoue que ce soir, ces deux jours là, c'est très particulier. Surtout ce soir, parce que le niveau était assez élevé et l'écart entre les groupes était très réduit et c'était donc assez difficile de porter un jugement très très très juste.

Et justement, le jugement se porte sur quels critères ?
C'est basé sur la qualité technique, c'est à dire le niveau technique, c'est basé sur la musicalité, sur le jeu de scène. Il fallait prendre tout ça en compte.

Et qu'est -ce que vous avez pu privilégier sur Wanted ?
Il y a quelques années, il y avait une nette différence entre Paris et la Province, mais cette différence heureusement s'atténue de plus en plus. Mais même si encore aujourd'hui, certains parisiens dominent, on va dire, parce que la façon de faire n'est pas la même qu'en province, Paris est quand même un grand bouillon au niveau de la danse hip hop, alors qu'elle l'est un peu moins en Province. Mais cela dit, l'écart se réduit de plus en plus.

Il y a aussi le fait que c'est plus facile de travailler dans la danse de manière professionnelle à Paris plutot qu'en province ?
Non, ça n'est pas vrai du tout ! Ce n'est pas vrai parce que, je prends l'exemple de Lyon, où je vis actuellement, qui est quand même la ville de la danse et où il se passe beaucoup de choses pour le hip hop, dans la région Rhône-Alpes, il se passe beaucoup de choses. Mais de plus en plus en province, je dirai même plus, il se passe - il commence à se passer - plus de choses en province au niveau artistique qu'à Paris. Paris, c'est vrai que c'est le fief des soirées underground.

Là, où il y a l'effervescence, l'émulation ?
Alors qu'il est vrai qu'il y en a moins en province.

Encore que ça change, non ?
Mais je ne sais pas, je ne fréquente pas trop les soirées non plus.

Peux-tu nous parler des débuts de la danse ?
Lorsqu'on a démarré, c'était tout nouveau, donc tout le monde était friand je dirais en surface ; tout le monde était friand de ce mouvement qui arrivait, surtout les médias qui, malheureusement, l'avaient considéré comme un phénomène de mode, puisque quand les médias n'en ont plus parlé, beaucoup se sont arrêtés. Mais d'autres, et je vais employer le mot 'puristes', les authentiques on va dire, ont continué dans l'esprit underground, parce qu'il y avait des soirées qui continuaient à se passer à Paris et notamment au Globo et quelques soirées encore au Bataclan. Donc ça a continué à être alimenté par des passionnés. On aimait ça donc on a continué, et puis en1989 le mouvement a redémarré en surface et donc ce que nous nous avions acquis était à juste titre un mouvement, une culture à part entière. C'est-à-dire que ça faisait partie de nous, et on pouvait la réingurgiter avec l'expérience et la maturité en plus.

Y a-t-il un style particulier en France ?
En France, le côté créatif - on va dire le côté créatif au niveau culturel - est plus ressorti que dans les autres pays.

Notamment les Etats-Unis où finalement le système culturel n'a pas aidé les danseurs ?
Le système américain n'est pas le même que le système français. En France il y a beaucoup d'aides pour la culture. Aux Etats-Unis, c'est quasiment inexistant, puisque les compagnies sont obligées d'aller chercher des sponsors privés pour vivre, exister, alors que nous, nous avons l'Etat, le Ministère de la Culture et d'autres organismes qui peuvent nous aider. Mais ça n'est pas toujours gagné d'avance, parce qu'il faut prouver ce que l'on vaut, ce qui est normal. Mais il y a quand même à ce niveau beaucoup plus de choses ici.
C'est pour ça d'ailleurs, que le mouvement aux Etats-Unis est resté beaucoup plus dans le domaine démonstratif avec cet aspect 'show', alors qu'en France il y a les deux côtés qui ont été développés.

Et les danseurs de battle, Vagabond, Wanted, plus les demi-finalistes (Pression Fatale et Darklight), comment se situent -ils ?
Ils sont plus dans le show.

Et toi que fais-tu en ce moment dans le milieu artistique ?
J'ai longtemps -c'est vrai- travaillé dans le domaine commercial, événementiel, et il y a quelques années de cela, je me suis tourné vers le côté culturel, vers les représentations théâtrales et dans les festivals. Pour quelle raison ? Parce que j'ai aussi une formation de danse académique, et que je souhaitais avec mon art et ma technique, aller beaucoup plus loin que de rester dans le show, dans l'événementiel. Ce qui fait que je produis sur scène depuis de nombreuses années, et qu'actuellement ( ndlr : petits rires), petite pub en passant, je présente un solo de vingt minutes qui s'appelle (le nom est assez long) www.dépendance.diffraction. Voilà.

Tu vas te produire où en premier lieu ?
Je me suis produit le premier semestre de cette année, mais pour le moment tout est en stand-by, parce que je vais recevoir le montage de la vidéo de ma pièce avec lequel je vais pouvoir repartir, relancer la pièce avec la vidéo.

Et pourquoi seul ?
J'ai voulu faire un solo, j'ai eu des groupes, des compagnies, mais là c'était un moment où je voulais faire un solo.

Et au niveau de la musique ?
J'ai composé la musique.

Merci d'avoir répondu, Sodapop !

 

Rota

Je me présente, je m'appelle Rota, je suis dans l'équipe Pokemon de Lyon.

Première participation à une battle ?
Dans ce contexte là, ouais, sinon on a l'habitude de faire d'autres battles.

Cadre agréable, bonne compétition ?
Nous par rapport à la bande son, on a déjà été cassés, parce que le cd sautait, et après par rapport au défi contre Vagabond, mon ami, il s'est foulé le coude, et ça nous a déstabilisés moralement mais on a su garder la tête, et après y avait un trois contre trois, on pensait quand même remporter légèrement, ben finalement c'était une question de politique, de public y avait tout qui jouait, parce que le jury en général était plutôt du côté parisien.

Est-ce une injustice ?
Non, c'est pas grave c'est la vie, c'est comme ça, moi je fais avec , et je continuerai toujours à danser dans la joie et la bonne humeur.

Et qu'est-ce que tu fais à côté ?
Je suis dans l'équipe de France de break, parce qu'il y avait un championnat du monde, au Zénith le 8 avril, et la France l'a remporté.

Et les autres gens de ton groupe à côté, qu'est-ce qu'ils font ?
Y en a qui sont en cours, sinon ils dansent et ils travaillent.

Et est-ce que certains font partie de compagnies ?
Oui il y en a qui sont dans des compagnies, mais c'est plutôt un loisir.
Merci

 

Propos recueillis par Drey.K - Août 2001
Photos - Drey.K/Hip Hop Flow