A
l'occassion de la Battle, rencontre
avec Sodapop,
danseur
et membre du jury, ainsi que Rota,
membres du collectif de danse Pokemon
de Lyon.
Sodapop
C'est
important pour toi de participer à
un jury de battle ?
Il m'arrive de le faire de temps en
temps, mais j'avoue que ce soir, ces
deux jours là, c'est très
particulier. Surtout ce soir, parce
que le niveau était assez élevé
et l'écart entre les groupes
était très réduit
et c'était donc assez difficile
de porter un jugement très
très très juste.
Et
justement, le jugement se porte sur
quels critères ?
C'est basé sur la qualité
technique, c'est à dire le
niveau technique, c'est basé
sur la musicalité, sur le jeu
de scène. Il fallait prendre
tout ça en compte.
Et
qu'est -ce que vous avez pu privilégier
sur Wanted ?
Il y a quelques années, il
y avait une nette différence
entre Paris et la Province, mais cette
différence heureusement s'atténue
de plus en plus. Mais même si
encore aujourd'hui, certains parisiens
dominent, on va dire, parce que la
façon de faire n'est pas la
même qu'en province, Paris est
quand même un grand bouillon
au niveau de la danse hip hop, alors
qu'elle l'est un peu moins en Province.
Mais cela dit, l'écart se réduit
de plus en plus.
Il
y a aussi le fait que c'est plus facile
de travailler dans la danse de manière
professionnelle à Paris plutot
qu'en province ?
Non, ça n'est pas vrai du tout
! Ce n'est pas vrai parce que, je
prends l'exemple de Lyon, où
je vis actuellement, qui est quand
même la ville de la danse et
où il se passe beaucoup de
choses pour le hip hop, dans la région
Rhône-Alpes, il se passe beaucoup
de choses. Mais de plus en plus en
province, je dirai même plus,
il se passe - il commence à
se passer - plus de choses en province
au niveau artistique qu'à Paris.
Paris, c'est vrai que c'est le fief
des soirées underground.
Là,
où il y a l'effervescence,
l'émulation ?
Alors qu'il est vrai qu'il y en a
moins en province.
Encore
que ça change, non ?
Mais je ne sais pas, je ne fréquente
pas trop les soirées non plus.
Peux-tu
nous parler des débuts de la
danse ?
Lorsqu'on a démarré,
c'était tout nouveau, donc
tout le monde était friand
je dirais en surface ; tout le monde
était friand de ce mouvement
qui arrivait, surtout les médias
qui, malheureusement, l'avaient considéré
comme un phénomène de
mode, puisque quand les médias
n'en ont plus parlé, beaucoup
se sont arrêtés. Mais
d'autres, et je vais employer le mot
'puristes', les authentiques on va
dire, ont continué dans l'esprit
underground, parce qu'il y avait des
soirées qui continuaient à
se passer à Paris et notamment
au Globo et quelques soirées
encore au Bataclan. Donc ça
a continué à être
alimenté par des passionnés.
On aimait ça donc on a continué,
et puis en1989 le mouvement a redémarré
en surface et donc ce que nous nous
avions acquis était à
juste titre un mouvement, une culture
à part entière. C'est-à-dire
que ça faisait partie de nous,
et on pouvait la réingurgiter
avec l'expérience et la maturité
en plus.
Y
a-t-il un style particulier en France
?
En France, le côté créatif
- on va dire le côté
créatif au niveau culturel
- est plus ressorti que dans les autres
pays.
Notamment
les Etats-Unis où finalement
le système culturel n'a pas
aidé les danseurs ?
Le système américain
n'est pas le même que le système
français. En France il y a
beaucoup d'aides pour la culture.
Aux Etats-Unis, c'est quasiment inexistant,
puisque les compagnies sont obligées
d'aller chercher des sponsors privés
pour vivre, exister, alors que nous,
nous avons l'Etat, le Ministère
de la Culture et d'autres organismes
qui peuvent nous aider. Mais ça
n'est pas toujours gagné d'avance,
parce qu'il faut prouver ce que l'on
vaut, ce qui est normal. Mais il y
a quand même à ce niveau
beaucoup plus de choses ici.
C'est pour ça d'ailleurs, que
le mouvement aux Etats-Unis est resté
beaucoup plus dans le domaine démonstratif
avec cet aspect 'show', alors qu'en
France il y a les deux côtés
qui ont été développés.
Et
les danseurs de battle, Vagabond,
Wanted, plus les demi-finalistes (Pression
Fatale et Darklight), comment se situent
-ils ?
Ils sont plus dans le show.
Et
toi que fais-tu en ce moment dans
le milieu artistique ?
J'ai longtemps -c'est vrai- travaillé
dans le domaine commercial, événementiel,
et il y a quelques années de
cela, je me suis tourné vers
le côté culturel, vers
les représentations théâtrales
et dans les festivals. Pour quelle
raison ? Parce que j'ai aussi une
formation de danse académique,
et que je souhaitais avec mon art
et ma technique, aller beaucoup plus
loin que de rester dans le show, dans
l'événementiel. Ce qui
fait que je produis sur scène
depuis de nombreuses années,
et qu'actuellement ( ndlr : petits
rires), petite pub en passant, je
présente un solo de vingt minutes
qui s'appelle (le nom est assez long)
www.dépendance.diffraction.
Voilà.
Tu
vas te produire où en premier
lieu ?
Je me suis produit le premier semestre
de cette année, mais pour le
moment tout est en stand-by, parce
que je vais recevoir le montage de
la vidéo de ma pièce
avec lequel je vais pouvoir repartir,
relancer la pièce avec la vidéo.
Et
pourquoi seul ?
J'ai voulu faire un solo, j'ai eu
des groupes, des compagnies, mais
là c'était un moment
où je voulais faire un solo.
Et
au niveau de la musique ?
J'ai composé la musique.
Merci
d'avoir répondu, Sodapop !
Rota
Je
me présente, je m'appelle Rota,
je suis dans l'équipe Pokemon
de Lyon.
Première
participation à une battle
?
Dans ce contexte là, ouais,
sinon on a l'habitude de faire d'autres
battles.
Cadre
agréable, bonne compétition
?
Nous par rapport à la bande
son, on a déjà été
cassés, parce que le cd sautait,
et après par rapport au défi
contre Vagabond, mon ami, il s'est
foulé le coude, et ça
nous a déstabilisés
moralement mais on a su garder la
tête, et après y avait
un trois contre trois, on pensait
quand même remporter légèrement,
ben finalement c'était une
question de politique, de public y
avait tout qui jouait, parce que le
jury en général était
plutôt du côté
parisien.
Est-ce
une injustice ?
Non, c'est pas grave c'est la vie,
c'est comme ça, moi je fais
avec , et je continuerai toujours
à danser dans la joie et la
bonne humeur.
Et
qu'est-ce que tu fais à côté
?
Je suis dans l'équipe de France
de break, parce qu'il y avait un championnat
du monde, au Zénith le 8 avril,
et la France l'a remporté.
Et
les autres gens de ton groupe à
côté, qu'est-ce qu'ils
font ?
Y en a qui sont en cours, sinon ils
dansent et ils travaillent.
Et
est-ce que certains font partie de
compagnies ?
Oui il y en a qui sont dans des compagnies,
mais c'est plutôt un loisir.
Merci
Propos
recueillis par Drey.K - Août
2001
Photos
- Drey.K/Hip
Hop Flow
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