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01.
Entrée
02. Les coulisses de l'angoisse
03. L'ombre sur la mesure
04. Je connais les cauchemars
05. Le prédateur isolé
06. Interlude I
07. Le coffre-fort ne suivra pas
le
corbillard
08. Les petites annonces du
carnage
09. Premier matin de Novembre
10. Ecoute le sang parler
11. 365 cicatrices
12. Le cuir usé d'une valise
13. Interlude II
14. Moha
15. A 20000 lieues de la mer
16. Le silence de ma rue
17. On frappera
18. A les écouter tous
19. Sortie
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LA
RUMEUR - "L'ombre sur la mesure"
Label
:
EMI - 2002
Production
: Soul G - Kool M
Format :
LP - CD
La
Rumeur, collectif de mc's originaire
de la banlieue ouest parisienne, ont marqué
de manière indélébile
le paysage du rap français, sortant
de l'underground profond, de 1996 à
1999, par le biais d'une trilogie de maxis
d'un genre sans précédent,
présentant chacune des entités
du groupe en faisant à chaque fois
l'effet d'une bombe.
Le tout premier opus, "Le Poison
d'Avril", original de par son style,
authentique et unique de par sa qualité,
tant au niveau du fond que de la forme,
abordant des thèmes sombres de façon
sincère, précise et profonde,
nous présentait Ekoué et sa
conception de l'expérience sensible.
Après le pragmatisme présenté
dans le premier maxi, le second, "Le
Franc Tireur", a permis à
Hamé d'insister sur l'importance
de la Mémoire. D'une plume incontestablement
littéraire, il remue les esprits
en remuant les profondeurs de l'Histoire
quant à l'immigration en France.Pas
banal pour autant, mais plus fidèle
au style récurrent dans le rap, "Le
Paria et le Bavard" clôt
la trilogie en 1999, dans lequel Philippe
et Mourad s'expriment sur la réalité
de leur environnement, un thème classique,
soit, mais abordé fidèlement
au style de la Rumeur, de manière
singulière, sincère et profonde.
En matière de production, FUAS MUSIC,
un label indépendant, avec la précarité
que cela incombe, leur a permis de sortir
des opus plus bruts, et donc plus authentiques.
Le label les a poussés à tirer
le maximum du peu qu'ils avaient. Durant
ces trois années, le label, avec
la sortie de ces trois maxis, a bien rempli
son rôle, qui était de présenter
les différentes entités du
groupe.
Présentations faites, le collectif
signe il y a deux ans chez EMI, une major,
avec, à la base pour consigne, de
sortir un album en deux mois, et décide
d'utiliser la sortie de leur premier album
pour étoffer leurs identités
désormais présentées,
en les poussant plus loin, gardant leurs
originalités individuelles, tout
en restant attachés à atteindre
un niveau artistique optimal.
"L'Ombre sur la Mesure"
nous présente donc quatre identités,
indépendantes et complémentaires,
traitant de sujets profonds, exprimant l'histoire,
les douleurs et vicissitudes de leurs racines,
de leur monde, de leur quotidien... des
leurs. Le verbe et les paroles témoignent
d'un talent d'écriture hors pair.
Des sujets abordés dont le rap français
est malheureusement orphelin, qui sont très
propres à la Rumeur, comme le colonialisme,
le néo-colonialisme, les rapports
nord/sud. Des morceaux comme "Premiers
matins de Novembre", "Ecoute
le sang parler", et "365
cicatrices", qui semblent des
réponses à l'amnésie
contrainte au sujet de l'immigration, son
histoire dans sa lutte, mais aussi ses victoires...
des réponses à l'amnésie
contrainte au sujet de la guerre d'Algérie
("N'oubliez pas ces morts sans sépulture,
sans gerbe ni dorure, ces morts aux yeux
ouverts dans les chambres de torture.").
Dans "Je connais tes cauchemars",
un morceau impliquant et grinçant,
la problématique et le débat
sur l'insécurité sont retournés
au travers d'une fantasmagorie. D'une fine
plume à l'encre noire et sèche,
la Rumeur décrit et partage son monde,
nous plongeant dans une tension perceptible,
palpable, mais remue surtout les esprits,
les poussant à se remettre en question,
à remettre l'Histoire en question...
les incitant à douter, inoculant
l'envie de s'informer et de rechercher la
vérité là où
elle existe. Depuis la trilogie, les sons
sont toujours produits par les fidèles
Soul G et Kool M, inconditionnels de la
culture du sample, et aux sons organiques,
sombres et durs, qui collent parfaitement
à l'ambiance que pose La Rumeur,
à leur esprit.
La forme, en totale adéquation avec
le fond, font de ce brûlant manifeste
un opus captivant, incontestablement une
valeur sûre... un album d'intérêt
public !
-
Loobna -
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